177-brève conclusion à l 'étude des noms de peuples gaulois
Par Philippe POTEL-BELNER, Publié sur le site langue-et-histoire.com, le 5 mars 2020.
L' étude des ethnonymes gaulois est évidemment riche d' enseignements.
1- ce que nous prenions pour des noms de peuples, ne sont, en fait, très souvent, que les appellations "peuple ou tribu des Hommes", comme les Baiocasses sont "le peuple des Baio"; c'est-à-dire des Boï, ou boy en anglais, dont l' étymologie est religieuse: apa-ya-ya OU apa-ua-ya = qui fait (ya) aller (ua OU ya) en avant (apa), concept religieux de l' homme, opposé de la femme.
L' élément cass- est un représentant du même étymon que celui du latin/ FR: classis/ classe.
Même cas de figure avec le mot Triboques, dans lequel il y a, à l' évidence, l' étymon trib- du latin/FR: tribus / tribu. Ils sont en fait la tribu des Auques, ethnonyme par ailleurs courant dans le Monde; même étymon que angl: ox = boeuf. Dans certaines aires, cet ethnonyme a été interprété comme les Faucons, en référence à l' étymon qui a donné l' angl: hawk = faucon.
etc...
Il importe donc de rechercher avant tout l' ethnonyme originel.
2- comme dans toute étude de linguistique comparative, les ethnonymes permettent d' appréhender quelques mutations phonétiques déterminantes.
Ainsi, par exemple, le peuple des Treueri (écrit et prononcé par les latins ?) est devenu en allemand les Trechir (*treṚir), dans le Trechir-gau = pays des Trevires. Le même ethnonyme (c'est-à-dire les Uir OU les Uill ! -c'est-à-dire aussi les Ils, le pronom personnel masculin ! même étymon que le latin uir = homme ) a donné naissance au nom de la région bretonne le Trégor, etc...
D’après cet exemple, on peut conclure que, dans certaines langues, la labiale du mouvement [w] subit une mutation phonétique derrière la laryngale de l' assemblage (Ṛ). Il semble que le latin, en général, néglige cette mutation (? dû à une moindre gutturalité).
etc...
3- l' énigme des ethnonymes latins féminins: les Celtae, les Belgae, les Conuenae, les Coriosolitae, etc...
Je rappellerai pour bien comprendre ces appellations, que pour nous, hommes du XXIè s. , elles équivaudraient à l' appellation "les Françaises", pour les habitants de la France, y compris les habitants masculins.
Je vous laisse estimer quelle connotation "dégradante" elles représenteraient.
Ces appellations "insultantes" des latins envers certains peuples gaulois (appellations qui devaient être plus nombreuses avant le mélange culturel gallo-romain) ont évidemment une origine étymo-religieuse, exploitée avec délices (?) par les Romains.
L' étymologie était une science hautement religieuse et politique dans l' Antiquité et le Moyen Age, ce n' est pas Jules César qui va me contredire, puisqu' en plus d' être un prêtre flamine, il était aussi l' auteur d'un traité de linguistique.
Avant d'entrer dans le détail, je dois m' assurer de vos connaissances philologiques et religieuses:
- les genres masculin et féminin partagent le monde (vivant) en deux:
1- les éléments qui font "assembler" vers le haut OU aller vers l' avant: la lumière et l' Homme.
2- les éléments qui font "assembler" vers bas OU qui immobilisent et protègent: l' ombre et la Femme.
Comme certains ethnonymes gaulois utilisaient un des aspects de la masculinité qui fait assembler vers le bas (le sexe et la mort), les Romains attribuèrent donc (de manière ironique ?) le genre féminin à ces hommes.
J' ai montré le bien-fondé de cette théorie dans mes précédents volumes 148 et 15, en analysant le mot Celtae qui signifie, comme l' angl: kilt, = qui assemble en bas.
Les autres ethnonymes font de même...